Merci ?

 

Dans les arts martiaux, dire merci n’est pas seulement une formule de politesse, c’est un geste de reconnaissance et de respect. Mais la façon de l’exprimer dépend beaucoup du contexte, du dojo, et du style :

Au Japon (karaté, judo, aikido, kendo…), on dit rarement merci en toutes lettres (arigatō ありがとう ou dōmo arigatō どうもありがとう) dans le dojo. On exprime plutôt la gratitude par les saluts (rei 礼). Le salut avant et après un exercice signifie :

Merci de t’entraîner avec moi.

Merci de m’avoir corrigé / attaqué / permis d’apprendre.

C’est une manière implicite et respectueuse de dire merci, dans l’esprit martial.

Avec un partenaire : souvent, après un échange ou une démonstration, on peut murmurer merci en plus du salut. Ça ne choque jamais, au contraire, ça renforce la bienveillance.

Avec le maître (sensei 先生) : à la fin du cours, la formule de gratitude est plus codifiée : arigatō gozaimashita ありがとうございました (merci beaucoup pour ce qui a été transmis).

Donc en résumé :

 Oui, on dit merci dans les arts martiaux, mais souvent à travers le geste du salut plus que par la parole. Les mots viennent en plus, surtout à la fin, ou dans une relation personnelle.

On plonge dans la subtilité 

En Occident, quand on dit merci, on exprime surtout une reconnaissance personnelle :

tu as fait quelque chose pour moi → je te rends la pareille par un mot.

C’est une forme d’échange verbal, une transaction affective ou sociale.

Dans les arts martiaux japonais, le rei (礼) — le salut — ne veut pas dire exactement merci, mais il englobe plus :

Reconnaissance mutuelle

Quand on s’incline devant un partenaire, ce n’est pas seulement “merci d’avoir joué ton rôle”, mais aussi :

je reconnais ton existence comme pratiquant,

nous allons progresser ensemble,

j’accepte de recevoir tes attaques et je te donne les miennes pour que nous apprenions.

Respect de la voie (dō 道)

Le salut n’est pas seulement pour la personne, mais aussi pour la tradition, le dojo, les maîtres passés. C’est une manière de dire :

merci à la lignée qui m’a permis d’être là,

je me relie à l’esprit de l’art que je pratique.

Humilité

Le rei abaisse le corps, incline la tête. Ce geste dit :

je suspends mon ego,

je m’ouvre à l’apprentissage.

Là où le mot merci peut parfois être mécanique, le salut est un acte physique qui engage tout le corps dans cette humilité.

Un langage universel

Le mot merci dépend de la langue. Le salut, lui, est compris partout dans les arts martiaux, qu’on soit japonais, français, brésilien ou sénégalais. C’est une manière silencieuse mais universelle de dire merci.

 Du coup, le “merci” occidental reste valable (et beaucoup de maîtres apprécient d’entendre un élève dire merci sensei après un cours). Mais le rei martial est plus profond et complet, car il dit merci sans paroles, en y mettant du corps, de l’esprit et de l’intention.