Humilité ?

 


✨Une tension fondamentale en arts martiaux : l’équilibre entre humilité et confiance. Beaucoup confondent ne pas se surestimer avec se sous-estimer, alors que ce sont deux attitudes très différentes. Voici un topo structuré, pensé pour un public d’experts :
  1. L’humilité comme principe martial
Dans la tradition des budō (武道), l’humilité (kenson 謙遜) est essentielle. Elle signifie :
Reconnaître que l’on n’a jamais fini d’apprendre.
Respecter son adversaire, son partenaire et l’art lui-même.
Savoir que chaque victoire est relative et que l’échec fait partie du chemin.
C’est une humilité active : elle n’abaisse pas, elle ouvre. Elle crée l’espace intérieur pour progresser.
  1. Le danger de la sous-estimation
Se sous-estimer (jison 自損 : se léser soi-même) est différent. C’est :
Réduire volontairement sa propre valeur.
Nier les acquis, les compétences réelles.
Pratiquer comme si l’on n’était « jamais prêt », ce qui bloque la progression.
En arts martiaux, se sous-estimer peut être aussi dangereux que l’arrogance :
Trop d’hésitation en combat = vulnérabilité.
Ne pas croire en sa technique = inefficacité.
Ne pas reconnaître son niveau = empêcher ses partenaires de progresser à leur tour.
  1. L’exemple de la ceinture
La ceinture (obi 帯) n’est pas qu’un signe extérieur.
Elle représente une responsabilité : porter une ceinture noire signifie être un modèle technique et éthique.
Ne pas assumer son grade, c’est fausser le cadre : l’élève ne sait plus à qui se fier, le groupe perd ses repères.
À l’inverse, afficher son grade avec arrogance est un non-sens martial.
Le juste milieu : assumer son niveau sans s’y enfermer. La ceinture devient un rappel de progression, pas une fin.
  1. Le point d’équilibre : humilité confiante
Le maître véritable incarne à la fois :
L’humilité : « Je ne suis jamais arrivé ».
La confiance : « Je sais ce que je sais, et je peux le transmettre ou l’appliquer ».
C’est une posture de vérité, où l’on ne se gonfle pas d’ego mais où l’on n’éteint pas non plus sa lumière.
  1. Application pratique
En keiko 稽古 (entraînement) : corriger ses défauts avec modestie, mais utiliser ses points forts avec assurance.
En kumite 組手 (combat) : respecter l’adversaire sans le sous-estimer, croire en ses propres réflexes et techniques.
Dans la vie du dojo : porter la ceinture avec sincérité : ni par orgueil, ni par effacement, mais comme un signe de ce que l’on a intégré.
👉 En résumé :
L’humilité, c’est savoir que l’on est toujours élève.
Ne pas se sous-estimer, c’est reconnaître que l’on est aussi déjà enseignant.

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