La « voie du mont Fuji » dans les arts martiaux, c’est une très belle image, et elle a plusieurs résonances profondes, à la fois symboliques, spirituelles et martiales.
Je te propose de la parcourir comme un petit récit :
1. Le Mont Fuji comme axe
Le Fuji (富士山, Fujisan) est un volcan solitaire, dressé comme une colonne entre la terre et le ciel.
Dans les arts martiaux, il représente l’axe du corps (seichūsen / 正中線) : l’alignement parfait entre les appuis enracinés dans la terre et la tête qui touche le ciel.
Un pratiquant qui « trouve son Fuji » est droit, stable, ancré, mais aussi ouvert vers le haut, vers la transcendance.
2. Le chemin qui monte
On dit que « le Fuji a beaucoup de sentiers, mais son sommet est unique ».
C’est exactement l’esprit du budō : karaté, judo, aikidō, kendō, iaidō… chaque discipline est un sentier différent, mais toutes mènent à la même essence — la maîtrise de soi et l’harmonie avec le monde.
Dans cette vision, il n’y a pas de rivalité entre styles : chacun grimpe à son rythme, par son propre versant.
3. Les pentes rudes
La montée est lente, fatigante, parfois décourageante. Comme dans la pratique martiale : répétitions, douleurs, blessures, doutes.
Mais chaque pas est un progrès, et plus on monte, plus la vue s’élargit.
Au début, on regarde ses pieds ; plus haut, on contemple la vallée ; au sommet, on embrasse l’horizon.
C’est l’image de la progression du disciple (deshi), qui passe du détail technique (kihon) à la stratégie (heiho) puis à la vision globale (dō).
4. Le sommet et le vide
Au sommet du Fuji, souvent, il y a le brouillard ou le vent glacé. Mais quand le ciel s’ouvre, la vue est absolue, pure, infinie.
C’est l’expérience du mushin (無心), l’esprit sans attachement.
Le but ultime du budō n’est pas de vaincre l’autre, mais de se dissoudre dans un état de clarté où tout devient simple, fluide, naturel — comme le volcan qui est à la fois terrible et paisible.
5. Descendre après avoir monté
Dans la tradition japonaise, atteindre le sommet n’est pas la fin. Il faut redescendre et partager avec les autres.
De même, le maître d’arts martiaux ne reste pas isolé dans sa montagne : il revient enseigner, transmettre, aider.
La voie du Fuji est donc cycle : ascension – sommet – retour, exactement comme l’inspiration et l’expiration, comme la contraction et l’expansion dans un kata.
Le pied du Fuji = le débutant, qui voit une montagne immense.
La montée = la discipline, le shugyō (修行).
Le sommet = l’éveil martial et spirituel.
La descente = la transmission et le retour au monde.

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